Le MODEM est-il allumé ou éteint ?
Le MODEM est un parti politique bizarre : les militants, paraît-il, y affluent, mais les électeurs s’en vont, du moins si j’en juge par ses résultats au premier tour des élections législatives. Les rescapés de la feue UDF, qui s’est appelée ensuite « Nouvelle UDF » quand François Bayrou en a pris le contrôle, se sont retrouvés dans le Mouvement démocrate. Les changements d’enseignes se succèdent, mais la taverne ne change pas. On y mène toujours la même politique ou plutôt la même absence de politique. Car quelques idées fixes, nées dans le cerveau d’un chef un tantinet mégalomane, ne sauraient constituer un projet.
Il faut dire que les modes de scrutin de la cinquième république ne favorisent pas les formations centristes autonomes. Raison de plus pour ne pas se fourvoyer dans une stratégie sans issue. Le centre, chez nous, s’est peu à peu rallié à la droite, exception faite des radicaux de gauche qui, d’ailleurs, après trente-quatre ans de fidélité à l’union de la gauche, se rapprochent maintenant des radicaux valoisiens et de l’UMP. Mieux vaut tard que jamais. La dernière formation centriste autonome de quelque importance : le Mouvement réformateur, avait deux dirigeants de talent : Jean-Jacques Servan-Schreiber et Jean Lecanuet et un programme de valeur. Elle a rejoint Valéry Giscard d’Estaing en 1974 avant de se fondre dans l’UDF, justement, en 1978. Aujourd’ hui, le « ni gauche, ni droite » de Bayrou, ajouté au désert programmatique de sa formation, ne peut déboucher sur rien de concret.
Pour en revenir aux élections en cours, le MODEM de mon département du Puy-de-Dôme pavoise toujours, malgré l’élimination de tous ses candidats au premier tour, à l’instar de ces volatiles qui courent encore bien qu’on leur ait coupé la tête. Dans son édition du mardi 12 juin, le quotidien La Montagne nous apprend qu’ « il ne sera pas absent du second tour », qu’ « il fera ce qui lui plaira ». Mais en ne donnant pas de consigne de vote, comment espère-t-il peser sur le scrutin ? Ses électeurs, qu’il vaudrait mieux appeler ses électrons, retrouveront toute leur liberté : certains voteront à gauche, la majorité à droite, les autres s’abstiendront ou voteront blanc ou nul. Finalement, il n’y a guère qu’en informatique, que les modems ont quelque utilité.
Serge Weidmann