L'Europe s'invite aux législatives à Clermont-Ferrand

«Ce n’est pas le non français qui a provoqué la crise (européenne) mais la crise qui a provoqué le non ». C’ est la conviction affirmée hier par Jean-Pierre Audy, député européen UMP-PPE (Parti populaire européen), invité d’Anne Courtillé, à une rencontre à l’Ecole supérieure de commerce de Clermont-Ferrand. C’est avec son expérience d’homme d’entreprise que cet expert-comptable corrézien, ancien président de la Chambre de commerce de Tulle-Ussel, a abordé ses nouvelles fonctions à Strasbourg.

Pour lui, l’Europe n’a pas su se faire connaître –et donc reconnaître- des peuples qui la composent. L’homme de la rue se sent loin des décisions prises par un système technocratique. Démocratiser l’Europe, rendre chacun conscient de la valeur ajoutée qu’elle représente dans le développement économique, définir les valeurs communes à ceux qui vivent au bord de l’Océan Atlantiques et à ceux qui vivent aux confins de l’Asie, tels doivent être les objectifs des élus européens. Et il n’était pas déplacé, au cours de cette campagne législative, de regarder aussi par delà l’Hexagone, là où se prennent des décisions que chaque état membre et donc chaque individu est obligé de respecter.

Le nouveau projet économique de l’ Union européenne mettra en avant l’aide aux secteurs à forte valeur ajoutée (dont la recherche). L’ouverture prévue en direction de la Méditerranée et de l’Amérique du Sud (Mercosur) peut permettre de fructueux échanges dans le cadre d’accords passés. Au plan politique, l’Europe est une construction progressive. Le projet fédéral n’est pas (plus ?) à l’ordre du jour actuellement ; de nombreux pays : Angleterre, Pays-Bas, pays de l’Est n’en veulent pas.


Les participants n’ont pas manqué de prendre la parole sans langue de bois. Extraits : « L’Europe c’est nous ! Il n’y a pas de dialectique entre l’Auvergne, la France et l’Europe .» « L’Europe est une chance pour nous aider, nous pousser à réformer ce que notre paralysie conformiste nous empêche de faire .» « La communication européenne est une arme qui  a été mal utilisée. Nous ne savons pas toujours très bien, dans les projets locaux, ce que nous devons à l’Europe .» « L’avenir est dans une culture européenne rendue possible par l’éducation, par les échanges, les brassages d’étudiants. »

Le bémol sera mis par votre serviteur. Il existe aussi une Europe de la protection économique donc d’intervention d’élus et de fonctionnaires dans un domaine qui est d’abord du ressort de la liberté des entrepreneurs. Se prémunir contre des concurrents qui « copient, trichent et mentent », comme le dit Jean-Pierre Audy, est certes louable mais cela doit-il justifier les nombreuses décisions politico administratives qui favorisent souvent des lobbies bien implantés à Bruxelles ? Il est vrai que, sur ce plan, je suis plus proche de Tony Blair que de Nicolas Sarkozy.

Serge Weidmann

Photo: Jean-Pierre Audy avec Anne Courtillé, candidate UMP aux législatives à Clermont-Ferrand