François Bayrou: Retour à la 4ème République
François Bayrou ne franchira jamais le seuil de l'Elysée. Je ne veux pas affirmer par là qu'il ne sera pas élu président de la République. Seulement, depuis qu'il est le chéri des sondages, sa tête, déjà énorme, enflant de jour en jour, je doute qu'elle puisse passer la porte d'entrée du palais présidentiel.
Je parlerai, dans un prochain article du programme de ce candidat. Parce qu'après tout, c'est bien le seul critère qui vaille dans cette affaire. Du moins pour moi qui ne marche pas, ou plus, à l'affectif dans mes choix politiques.
Je voudrais aujourd'hui évoquer la "grande" idée politicienne du Béarnais: gouverner avec le PS et l'UMP, c'est à dire rassembler gauche, centre et droite en vue de la gestion des affaires de notre pays. Bayrou veut "un gouvernement d'hommes et de femmes d'accord sur les grands choix et représentatif des grandes sensibilités du pays".
A y regarder de plus près, les battus du suffrage universel, celles et ceux que les Français auraient sortis par la porte, reviendraient sur le devant de la scène politique par la fenêtre, peut-être dans une nouvelle structure appelée "Parti démocrate". Voilà comment le père François compte recycler la classe des politiciens. Est-ce bien honnête vis à vis des citoyens? En tous cas, la nostalgie de la IVème République reste le talon d'Achille de nombreux élus. L'aubaine a déjà séduit une partie des Verts, Cohn-Bendit en tête, qui trouve là le moyen de se refaire une santé politique: "Ne nous oublie pas François!" Le regretté Robert Fabre avait bien raison de dire à qui voulait l'entendre: "Le centre, on l'appelait autrefois le marais. Hélas, dans les marais, on ne trouve que des grenouilles."
L'introduction de la proportionnelle, prévue par Bayrou aux élections législatives, bien dans la logique de la "troisième force", risque d'aboutir, au mieux à des coalitions de circonstances, dans lesquelles les minorités pèseront un poids politique sans relation avec leur représentativité, au pire à la paralysie de la gouvernance française.
Bref, ce sera la fin de la Vème République, le retour aux magouilles partisanes et, si la coalition de Monsieur Bayrou échoue à réduire la dette, le chômage et à assurer la relance de notre économie, la prise du pouvoir par les opposants les plus extrémistes. Aussi, plutôt que de bâtir un meccano politicien, le président de l'UDF devrait penser à l'avenir des Français. Heureusement, rien ne dit qu'il sera élu.
Serge Weidmann