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Vent d'Auvergne
23 janvier 2007

Création d'entreprises et usine à gaz

Auvergne_activeL'économie, tout militant de gauche vous le dira, c'est sale, plein d'horribles entrepreneurs, souvent multinationaux, qui ne pensent qu'à aller piller le tiers-monde, exploiter leurs salariés, avant de les virer comme des malpropres.

Heureusement, de belles âmes généreuses, vétues de probité candide et de lin blanc, apportent, dans notre affreux monde capitaliste, égoïste et matérialiste, une vision idyllique de la production et des échanges. Si vous acceptez de passer, avec elles, des ténèbres à la lumière, vous découvrirez une autre économie, assainie et nettoyée par toutes les mères Denis de l'"alter-monde". C'est ainsi que vous ferez la connaissance du développement durable, de l'investissement éthique, du commerce équitable, de l'économie sociale et solidaire et autres jolies formules servant plutôt à berner le gogo et conspuer "l'immonde ultra-libéralisme" qu'à révolutionner en profondeur notre vie économique.

Un exemple me fut fourni lundi dernier, à Clermont-Ferrand, par la présentation de l'association Auvergne active à laquelle j'étais convié, sans trop savoir de quoi il s'agissait. Je fus servi. Cette structure locale, affiliée à un réseau national nommé France active, dont le fondateur est l'ancien syndicaliste CFDT, Edmond Maire, aide des chômeurs à créer des micro-entreprises en leur apportant, à la fois, une expertise technique et financière et une aide pour obtenir un prêt bancaire et lancer leur affaire. Cela s'appelle, expression ronflante et pleine d'autosatisfaction, l' "économie sociale et solidaire".

Rien que de très bien me direz-vous? Sauf que tout cela, dans un pays normal, devrait se faire, sans trop de problèmes. Les libéraux prêchent, dans un désert, hélas! la possibilité, pour les créateurs de nouvelles entreprises performantes, les "gazelles", de bénéficier de fonds venant des particuliers, ceux-ci, en retour, verraient leur charge fiscale réduite. Solution simple, rapide, efficace et surtout émanant directement de la société civile et qui a le mérite d'éviter les pachydermes administratifs.

Mais, en France, les bonnes volontés, reconnues, des membres de l'association France ou Auvergne active, ne peuvent, bien qu'elles s'en défendent, s'investir sans construire autour d'elles un partenariat lourd, une véritable usine à gaz technocratico-politique. Qu'on en juge: pour créer 197 emplois dans de nouvelles entreprises d'Auvergne en 2006, il a fallu mettre en branle: Bruxelles, Paris, le Conseil régional, les quatre conseils généraux, la Caisse des dépôts, la Caisse d'Epargne et la fondation MACIF. Tout ça pour ça! comme dirait le dramaturge anglais. A combien s'élève, dans une telle forteresse, le coût de la création d'un seul de ces 197 emplois?

En outre, j' éprouvais un certain malaise, en entendant le président national de France active, Christian Sautter qui fut, on s'en souvient, ancien ministre de Lionel Jospin et tous ces élus socialistes de la Région et du département du Puy-de-Dôme, venus vanter leur marchandise. Vouloir donner des leçons de création d'emplois après avoir mené ou défendu les mesures de gauche qui, depuis 1981, ont multiplié le nombre des chômeurs et des précaires, c'est un tantinet culotté. Mais, heureusement, les Français commencent à prendre conscience que ce ne sont pas ceux qui ont créés les problèmes qui sont les plus qualifiés pour les résoudre.

Serge Weidmann

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Commentaires
S
Bonjour,<br /> Juste pour votre information, je n'ai pas créé mon entreprise avec le réseau France Active, mais sur mes fonds propre et ceux de particuliers.<br /> Ceci dit, il est vrai que la multiplication des guichets de financement, tenu par des consulaires par exemple, complétement incompétents et qui vous regardent d'un oeil envieux parce que vous faites, en créant une entreprise, ce qu'ils ont toujours voulu faire sans jamais l'oser, est particulièrement inefficace.<br /> Je doute cependant que les business angels puissent être intéressé par la coiffeuse à domicile ou le vendeur de merguez... Mais il est vrai que le financement d'entreprise par des particuliers n'est pas dans notre culture. Mais le financement par des particuliers doit être complémentaire du système bancaire. D'ailleurs quand on voit la frilosité des banquiers à prêter ne serait-ce que 20000 euros, alors que dans n'importe boîte, un tel engagement est pris sans l'avis du patron, ça laisse réveur. D'où l'intérêt pour moi des systèmes de microcrédit pour financer par l'emprunt les petites boîtes dont les gérants sont exclus du système bancaire.<br /> Enfin, dans la déclaration de revenu, l'investissement dans des sociétés nouvellement créées est à déclarer dans l'imprimé 2042C, qui n'est l'imprimé principal. Cela ouvre droit à une déduction de 25% des sommes investies.<br /> Bien à vous
S
Je suis heureux que vous ayez pu créer votre entreprise grâce à France Active mais ce qui me gêne dans cette affaire, c’est qu’il faille utiliser un marteau pilon pour écraser une mouche. <br /> <br /> C’est un problème général dès qu’on parle de création d’entreprises en France: les politiques montent des systèmes complexes ( à quels coûts ?) avec des partenaires à n’en plus finir et avec des résultats plutôt médiocres : quand l’Angleterre de 1982 à 2002 crée 5,6 millions d’emplois, nous n’en créons que 210 000. Sources : INSEE, Dares, ONS.<br /> <br /> Et le ministre Dutreil est en train de monter une nouvelle usine à gaz pour les gazelles (sans jeu de mots).<br /> <br /> Le monde anglo-saxon s’est rendu compte d’une difficulté : le financement au démarrage de la nouvelle entreprise n’est pas assuré ni par les établissements bancaires, ni par le capital risque. Voici ce que dit à ce sujet la revue Société civile de l’IFRAP :<br /> <br /> « Or ce dont a besoin une entreprise pour se créer, c’est de sommes comprises entre 100 000 et 1,5 million d’euros ; très rares sont les entreprises qui peuvent justifier de besoins financiers supérieurs au moment de leur création.<br /> <br /> Comme l’avaient réalisé les Américains dès 1958 – et ils y ont remédié par le Small Business Investment Act de cette année-là, il y a près de 50 ans – il existe un trou de financement des créations d’entreprises que les fonds de capital-risque, ou, plus généralement, une institution, banque, Etat, assurance, etc. sont incapables de combler. <br /> <br /> Les seuls qui soient efficaces dans cette phase initiale sont des individus, les « grandes poches», appelés Business Angels. Ce sont pratiquement toujours auprès d’individus capables de décider seuls, vite, sans avoir à obtenir l’approbation d’un conseil d’administration ni devoir couvrir la responsabilité d’erreurs en faisant appel à des rapports préalables d’experts, que les créateurs d’entreprises, les Ford, Eddison, Citroën, etc. ont trouvé l’aide financière leur permettant de démarrer, quitte, deux ou trois ans plus tard, lorsque de nouveaux besoins financiers apparaissent à passer à l’étage supérieur en faisant appel aux fonds de capital-risque. »<br /> <br /> Pourquoi ne le fait-on pas en France, y compris pour les coiffeurs à domicile, les restaurants rapides ou les pizzerias ? <br /> <br /> Je sais que ce n’est pas dans la culture hexagonale de procéder ainsi mais notre exception culturelle ne nous aide pas à sortir de la crise.<br /> De plus, les hommes politiques français, qui insultent le libéralisme à longueur de discours, ne sont pas les mieux placés pour aider à la création d’entreprises (point de vue personnel mais je déteste les hypocrites).<br /> <br /> Quant aux particuliers, ce sont toujours eux qui financent de quelque façon que ce soit : via les banques (c’est leur argent placé qu’elles prêtent), via les Conseils régionaux ou généraux (ce sont leurs impôts qui sont utilisés).<br /> Enfin vous dites qu’un particulier peut aider financièrement une entreprise et bénéficier de déductions fiscales.<br /> Sur ma feuille d’impôts je n’ai jamais remarqué cette possibilité ( à part les FCPI, mais ce n’est pas un financement direct). Donnez-moi donc plus d’informations à ce sujet.<br /> <br /> Bien amicalement
S
Excusez-moi de vous le dire, mais je crois que vous ne connaissez pas ce qu'il en est de la création d'entreprise. Je suis moi-même chef d'entreprise. France Active, comme l'ADIE d'ailleurs, sont des organismes de crédit qui permettent à des porteurs de projets qui n'ont pas accès au système bancaire, de pouvoir financer leur projet.<br /> Cela n'a rien à voir avec la classification type gazelle, etc... Les entreprises que ce type d'organisme permet de financer sont des coiffeurs à domicile, des pizzas itinérantes...<br /> C'est un système efficace: les entreprises ainsi créées ont un taux de réussite à 5 ans équivalent à celles financées par le système de crédit classique.<br /> Enfin, vous parlez du financement des entreprises par les : " fonds venant des particuliers, ceux-ci, en retour, verraient leur charge fiscale réduite." Juste pour votre information, c'est déjà le cas.<br /> Mais au cas où vous l'ignoreriez, une entreprise ne se finance pas seulement par le capital, mais aussi par l'emprunt. C'est l'effet de levier. D'où la nécessité du système bancaire, et pour les personnes qui n'y ont pas accès, des organismes dont vous parlez.<br /> Bien à vous.
Vent d'Auvergne
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