Jean-Marie es-tu là ?
Ah ! Jean-Marie Le Pen ! S’il n’existait pas, il faudrait l’inventer. C’est d’ailleurs ce que la gauche a fait, pratiquement, quand François Mitterrand fut élu président de la République, pour piéger la droite, d'abord en ouvrant les vannes de l’immigration, ensuite en instituant la proportionnelle aux élections législatives, enfin en frappant d'excommunication tous ceux qui tenteraient de trop s'approcher des hommes et des thèses du Front national. Cette initiative machiavélique donna d’excellents résultats jusqu’au premier tour de l’élection présidentielle de 2002, moment du retournement, où la créature dévora son créateur.
Depuis ce jour, les socialistes rêvent secrètement d’une présidentielle 2007 qui serait comme 2002, mais à l’envers: un duel PS-FN. Certains en jouissent d’avance et les propos actuels de Le Pen, qu’ils surveillent comme ma grand-mère surveillait une casserole de lait sur le feu, sont du pain bénit. C’est ainsi que, de fil en aiguille, dans le blog de gauche « Infos Clermont-Ferrand », les rédacteurs souhaitent que je leur dise pour qui je voterais dans le cas de figure qu’ils affectionnent.
Je répondrai ceci :
Je ne m’estime pas tenu de réagir à chaque interpellation de mes adversaires, mais cette question, fruit des rêveries socialistes dont je parle au paragraphe précédent, mérite une réponse. Ne serait-ce que pour clarifier un certain nombre de notions, aujourd’hui noyées dans la confusion des esprits.
Si l’hypothèse qu’ils évoquent se produisait, je me prononcerai à ce moment-là, et à ce moment-là seulement, car personne ne peut dire, aujourd’hui, quelles seront les circonstances, c’est à dire: les conditions politiques, les forces en présence à l’issue du premier tour, les changements que la campagne électorale aura produits dans notre peuple, les alliances éventuelles entre familles politiques jusqu’ici opposées et le programme proposé pour sortir enfin notre pays du gouffre dans lequel il gît depuis de trop nombreuses années.
Mais, si je ne sais pas, maintenant, ce que je ferai, je sais, par contre, ce que je ne ferai en aucun cas. Quoi qu’il arrive, je ne voterai jamais pour un candidat, ou une candidate, dont les propositions ne m’agréeront pas. Car l’élection du président de la République, ce n’est pas un barnum-circus politicien, ce n’est pas la résultante de combines partisanes, ce n’est pas une kermesse «ludique», comme on dit aujourd’hui, ou une séance d’exorcisme. C’est la rencontre entre un candidat, porteur d’un projet pour la France et le peuple français, comme l’a voulu le Général de Gaulle.
J’ai toujours voté, depuis 1965, aux élections présidentielles. Je ne dirai pas pour qui, on ne me croirait pas. Avec le temps, j’ai quelques idées sur ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut plus faire pour assurer l’avenir de notre malheureux pays. Si j’estime qu’aucun candidat n’est capable de relever ce défi, alors, le jour du vote, au second tour, je voterai blanc ou j’irai pêcher au lac de Guéry. Et, si d’aventure, Le Pen était encore dans la course, de grâce, que l’on m’épargne la ritournelle éculée de «l’alliance nécessaire et indispensable contre le fascisme». Les épouvantails sont faits pour les oiseaux, pas pour moi.
Serge Weidmann
La caricature de Jean-Marie le Pen est extraite du site : www.geromebarry.com