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Vent d'Auvergne
7 avril 2006

Le bon, la brute et l' Etat

A un célèbre critique de cinéma - il se reconnaîtra- lecteur enthousiaste de mon blog.

le_bon_la_brute_et_l_etatLe western, outre ses qualités épiques et sa mythologie si forte et si séduisante, peut être aussi un outil formidable de réflexion économique et sociale sur les Etats-Unis d’Amérique.

Le film La vallée de la poudre , qui ouvrait mardi dernier le 12ème festival du Cercle des amis du cinéma de Clermont-Ferrand, raconte l’histoire d’un propriétaire de moutons qui veut installer son troupeau sur des « terres publiques » de pâturage, dans une bourgade de l’Ouest, où vit une communauté d’éleveurs de bovins. Ces derniers n’aiment guère que des ovins viennent gêner les allées et venues de leurs vastes troupeaux de bêtes à cornes.

Dans cette vallée, la loi fédérale est loin, donc absente, et le seul représentant de l’ordre, élu par les éleveurs, va à la pêche à la moindre rumeur de bagarre. La force y a une tendance récurrente à prendre le pas sur le droit.

Le nouvel arrivant a, de surcroît, le grave défaut de gêner un éleveur ambitieux qui mène des tractations souterraines avec l’Etat, et contre ses amis de l’association des éleveurs, gestionnaires de l’espace de pature, à seule fin d’acheter les terres libres et de devenir le caïd du lieu.

Ah ! L’Etat : ici complice de celui qui veut porter atteinte aux droits des autres et à leur liberté de faire paître des bêtes sur des terres demeurées vierges, l’Etat : tel quand lui-même ses interventions malencontreuses toujours le changent.

Le colt de Glenn Ford mettra fin à cette tentative déloyale. Cette histoire se termine bien, mais, tout au long de cette semaine festivalière, d’autres oppositions armées nous attendent, avec les conflits entre éleveurs et fermiers. C’est Kirk Douglas qui prendra le relai et jouera les arbitres. Homme libre, écoeuré par la violence d’éleveurs sans foi et , surtout, sans loi, bien que détestant les barbelés –dont il sera physiquement prisonnier dans une séquence mémorable de L’homme qui n’a pas d’étoile- il mettra sa force au service des fermiers opprimés pour établir leurs droits.

Nous retrouverons le même Kirk Douglas dans Seuls sont les indomptés, un peu vieilli, mais toujours aussi allergique aux barbelés qui ferment sa route de cavalier solitaire. Heureusement pour lui, sa pince coupante, qui ne le quitte jamais, lui permet de faire fi de tout obstacle. Premier délit, premier refus d’un monde de fer qui le broyera à la fin. Quel espace –à tous les sens du terme- de liberté reste-t-il, pour un homme de l’ancien temps, un éternel cow-boy, dans une société qui, il y a plus de cent ans, avec la bénédiction active de l’Etat fédéral , dénia aux premiers occupants, les Indiens, toute liberté, tout droit de propriété, et même, tout droit de vivre ?

Serge Weidmann

Le festival du Cercle des amis du cinéma,  consacré au western, se déroule tous les jours jusqu’à mardi 11 avril au cinéma Le Capitole à Clermont-Ferrand.

La photo est extraite du film  Seuls sont les indomptés sur le site : http://cinema.aliceadsl.fr

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