Laissons dormir la centenaire
Alors que les banlieues des grandes agglomérations françaises, y compris Clermont-Ferrand, s’enflamment, la ville de Clermont s’apprête à fêter le centenaire de la mort de Louise Michel, « une grande figure révolutionnaire » (1). Est-ce judicieux ? Est-ce même prudent ?
Tout au long de cette semaine, sont prévus films, débats, lectures, conférences, expositions sur la « Vierge rouge » et ce, à Croix-Neyrat, Champratel, Saint-Jacques, c’est à dire dans les quartiers les plus sensibles de la ville. Exalter l’ « héroïne de la Commune, militante anarchiste et agitatrice révolutionnaire » (1), c’est, pour nos édiles socialo-communistes faire œuvre militante. C’est aussi faire une action de pure propagande, d’autant plus condamnable qu’elle s’exerce surtout en direction des enfants des écoles, des collèges et des lycées dont la présence est très sollicitée. C’est enfin mettre de l’huile sur le feu à un moment où le démon brûleur et saccageur sommeillant chez certains jeunes gens qui ont « la haine » comme on dit, aurait plus besoin d’être calmé qu’excité.
Et quand, parmi les animations proposées, figure une conférence intitulée « Les combats de Louise Michel, résonnances et échos contemporains » (1), on bascule carrément dans le pousse au crime. Mais pour notre gauche, toute révolte ne se justifie-t-elle pas, puisque, dans sa vision des choses, les casseurs sont tous des victimes de la société qui ne peut être qu’oppressive.
Serge Weidmann
(1) La Montagne du dimanche 6 novembre 2005, page 6B, article : « Une femme hors du commun ».