Touche pas à ma poste
Doucement mais sûrement les services postaux européens se libéralisent pour le plus grand bénéfice des hommes et femmes de ce continent qui pourront choisir leurs prestataires, mais au grand dam des syndicats de postiers qui souhaitent conserver leur rente de situation ou ont peur de perdre quelques privilèges liés à leur statut. Ils sont soutenus dans leur combat par les anti-libéraux de tous poils, les orphelins du communisme qui ne vivent que dans le but de ressusciter une idéologie morte.
En fait, ce mouvement d’ouverture est lancé depuis plus de dix ans. Il portait à l’origine sur les envois de plus de 350 grammes. Et, petit à petit, on s’est rapproché des plis les plus courants : ceux de moins de vingt grammes. Nous y sommes aujourd’hui. Et nos opposants de fustiger les malheurs qui nous attendent, ou, plutôt qui les attendraient: restructuration, fermetures de bureaux…Et de menacer de faire grève, donnant ainsi un argument supplémentaire aux partisans de la libéralisation.
Car il s’agit, en fait, d’une mise en concurrence, la poste française gardant son statut mais perdant ce qui lui restait de monopole. Pourquoi proposer cela? Parce qu’il est prouvé, depuis toujours, que l’introduction de la liberté dans la vie économique permet, par la concurrence, de fournir aux clients –le premier qui parle d’«usagers», je lui jette un sort- des produits et des services adaptés et au moindre coût. Les nouveaux sophistes de l’économiquement correct à la française, pour défendre le monopole, font appel à des arguments très spécieux, à l’instar de Dominique Valès, le chroniqueur de La Montagne: les Etats-Unis, pays du libéralisme tant honni, ont un système postal fédéral monopolistique. Voilà le diable libéral admis à l’église socialiste. C’est oublier que la poste américaine était privée au départ et assez bien organisée pour être parfaitement fiable. Les amateurs de western, comme votre serviteur, évoqueront l’époque du « Pony Express » durant laquelle une lettre ne mettait que quelques jours pour aller du Pacifique à l’Atlantique. Il faudrait analyser les raisons, essentiellement politiques, qui ont amené l’Etat fédéral à remplacer les initiatives privées. Et voir si cette opération s’est réalisée pour le plus grand bien des Américains. Car, dans ce domaine comme dans d’autres, il y a ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas, comme disait notre compatriote Frédéric Bastiat.
D’autre part, les mêmes gens, qui estiment normal de choisir leur garagiste, leur entreprise artisanale, leur médecin (dans ce dernier cas avec la restriction du «médecin référent», chère à notre système monopoliste de Sécurité Sociale) et s’offusqueraient avec juste raison que ce droit leur fût retiré, pensent que, pour envoyer la plus modeste bafouille, il faut en passer par l’Etat. Comprenne qui pourra. Pour ma part, j’affirme, que la situation nouvellement créée, ne sera en aucune façon préjudiciable aux agents de la Poste qui pourront donner le meilleur d’eux-mêmes, agir plus librement et connaître la satisfaction qui découle de l’innovation personnelle. Ceux qui ont le plus à perdre dans cette aventure, ce sont les syndicats. Leurs slogans risquent d’apparaître complètement déphasés par rapport à la réalité, comme c’est le cas généralement dans le privé, et leur pouvoir se réduira, dans ce secteur, comme une peau de chagrin.
Serge Weidmann
La photo représentant le Pony Express est extraite du site: http://www.fhwa.dot.gov/