Une mauvaise querelle faite à Nicolas Sarkozy
La querelle faite à Nicolas Sarkozy, à propos de son opinion sur la prédestination, dans son entretien avec Michel Onfray, relève du surréalisme. Son seul avantage est de rajeunir un peu les vieux barbons comme moi.
Dans les années 60-70, la bataille "inné contre acquis" faisait rage. A ma gauche, pour défendre l'acquis: le PC. C'était de sa part une posture idéologique pour attaquer la société bourgeoise et non une prise de position scientifique. A ma droite, le professeur Debray-Ritzen, défenseur de l'inné, qui se régalait à en rajouter des tonnes face aux cocos, à seule fin de se construire une notoriété à bon compte.
Moi qui étais à l'époque conseiller d'orientation, je riais dans ma barbe, alors brune, devant ce conflit artificiel et plein d'arrière-pensées de la part des belligérants. Car la cause était entendue depuis longtemps chez les psychologues de l'enfant. J'entends encore René Zazzo, qui fut mon professeur à l'Institut national d'orientation professionnelle, déclarer que le destin d'un être humain était dû à 100% d'inné et 100% d'acquis. Manière de dire que l'un et l'autre s'influencent mutuellement et en permanence, notre existence étant une construction de tous les instants entre nous-mêmes et la société.
Resurgi d'un seul coup en 2007, en pleine campagne pour les élections présidentielles, ce sujet, qui fâche apparemment toujours, est une bonne occasion pour les candidats qui veulent piquer des voix à Sarko, à droite comme à gauche, de taper sur un rival qui, circonstance aggravante, caracole en tête dans les sondages. S'il faut sortir de cette pantalonnade, autant en sortir par le haut et c'est Nicolas Sarkozy lui-même qui clôt le débat quand il affirme:"…l’être humain peut être dangereux. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons tant besoin de la culture, de la civilisation. Il n’y a pas d’un côté des individus dangereux et de l’autre des innocents. Non, chaque homme est en lui-même porteur de beaucoup d’innocence et de dangers."
Tout homme honnête avec lui-même sait bien qu'il a en lui la potentialité de faire le bien ou le mal et que si on s'est échiné, dans le passé, à bâtir des civilisations, c'est bien pour que chacun, dans sa vie, choisisse le premier et rejette le second.
Serge Weidmann