Gloire à nos jeunes banlieusards !

« Banlieue,

C’est un paradis que Dieu a mis sur terre,

Banlieue,

C’est après Paris ce qu’on a fait de mieux »

Voilà ce que chantait l’humoriste Robert Lamoureux dans les années cinquante. Mais ce paradis est devenu un enfer depuis que l’actuel ministre de l’Intérieur a jugé bon d’aller embêter, un beau soir d’automne, quelques adolescents qui ne demandaient rien à personne , ce qui occasionna la mort de deux d’entre eux.

C’est pourquoi de bons et braves jeunes gens, qui sont la France de demain, se sont sentis à juste titre agressés et ont réagi, comme il convient de le faire, à cette inadmissible provocation.

Et je crie bien fort que M. Azouz Begag, ministre délégué à la « Promotion de l’égalité des chances », a eu raison de se parer de l’armure du bon chevalier blanc pour rappeler à l’ordre le fauteur de troubles de la place Beauveau qui ne respecte pas assez la génération banlieusarde qui monte.

Parce que ces garçons apparaissent à la fois comme le modèle et l’avenir de nos banlieues si injustement décriées. Modèle, comme défenseurs des valeurs traditionnelles : ce ne sont pas eux qui manqueraient un rendez-vous avec leurs clairvoyants imams, ceux qui n’oublient pas les paroles du Prophète appelant à la guerre sainte. Avenir, car ils ne passent pas leurs journées et soirées à glander comme beaucoup de leurs compatriotes ; ils travaillent à développer le commerce et les échanges économiques : vente de cigarettes et de matériel électronique moderne à des prix défiant toute concurrence, vente de drogues diverses introuvables en France à cause du détestable esprit protectionniste qui y règne. Ce ne sont tout de même pas les libéraux comme moi qui vont leur jeter la pierre.

Mieux, malgré leur légitime colère, ils continuent à faire preuve d’altruisme en coopérant à l’aménagement du territoire. En attaquant casernes  de pompiers, bureaux de poste et autres locaux de services publics, ils font savoir au gouvernement que leur répartition sur le sol français est injuste, favorise outrageusement la banlieue et qu’il serait plus intelligent de les mettre dans les départements qui en manquent, comme la Creuse.

Bravo encore à M. Azouz Begag et à sa clairvoyance. Si la droite se met à faire de la répression, elle versera, je le dis sans détour, dans le fascisme. Et ce n’est pas ainsi que l’on gagne les élections. Qu’elle regarde donc dans le camp d’en face, chez les socialistes. Ni M. Hollande, ni M. Fabius, ni M. Montebourg ne proposent, dans leurs motions au prochain congrès, d’augmenter les crédits de la sécurité. Ils ont compris, eux, la réalité des choses et ont rejeté depuis longtemps tout rappel à l’ordre bourgeois.

Pour conclure, je conseillerai à M.Azouz Begag de se présenter à l’élection présidentielle. Il ferait à coup sûr un très bon score, que dis-je : il pourrait même être élu avec les voix de la droite bien pensante et celles des bobos de gauche. Si cela arrivait, Villepin et Sarkozy seraient bien attrapés.

Serge Weidmann