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Vent d'Auvergne
27 juin 2005

Un zéro pour les intellos

Les intellectuels nationaux d’aujourd’hui, qui ont tous fait leurs humanités, se voient, dans la France actuelle, comme les grands penseurs dans l’ Athènes antique, disant le bien et le mal, le passé et l’avenir, et galvanisant le peuple sur l’Agora par la magie de leur verbe.

Oui, mais n’est pas Socrate, Platon ou Aristote qui veut.

Par leurs babils incessants, ils sont plus proches des sophistes qui pouvaient parler de tout et de rien, démontrer tout et son contraire. Quand la parole de l’élite ne s’appuie plus sur l’observation des faits, quand la réalité est niée au profit de l’exercice intellectuel le plus abstrait, alors, comme dans les derniers siècles de l’antiquité grecque, la morale et la science  quittent la cité et la décadence s’installe.

Tous ces jocrisses français, qui jouissaient jusqu’à maintenant d’un certain laxisme de la part de la critique, sont aujourd’hui la cible d’esprits libres qui en ont, pardonnez-moi l’expression, « leur claque » de ces gens-là.

Bravo donc à Raymond Boudon qui, l’an  dernier, tira au bazooka avec son livre « Pourquoi les intellectuels n’aiment pas le libéralisme ? » ( Editions Odile Jacob). Bravo à Bernard Zimmern qui, dans sa revue « Société Civile » de juin 2005 et sous le titre : « Intellectuels français : les faux prophètes »,  flingue les sieurs Baverez, de Foucauld et Minc, coupables d’avoir commis une horreur économique nommée : «  Le chômage à qui la faute ? ». Lisez ci-dessous son point de vue et régalez-vous.

S.W.

sartreUn des plus grands travers de notre pays ce sont nos intellectuels. Pas tous mais tous issus d'un système d'enseignement qui privilégie la forme sur le fond: bien développer une thèse en deux parties et quatre sous-parties sans conclure, ou en trois parties thèse, anti-thèse et synthèse et où la référence historique est beaucoup plus importante que le chiffre.

Le chiffre est même honni; pas rares sont les éditeurs d'ouvrages grand public qui vous refusent un manuscrit dès que celui-ci contient trop de graphiques, de corrélations, de tableaux sous le prétexte que cela rebuterait les lecteurs en les forçant à comprendre et à réfléchir.

Ils préfèrent la pirouette épistolaire qui brille, l'anecdote et par-dessus tout , l'étalage d'une large culture historique qui laisse ébahi le gogo, celui-ci n'ayant que rarement dépassé le niveau des livres d'histoire marxisants que distille notre école.

C'est ainsi que, pleine de respect pour le savoir de nos élites, la masse des lecteurs et une partie des journalistes, continuent d'enfoncer l'opinion publique dans les marais des idées creuses qui ne mènent nulle part.

Car pour traverser un fleuve, on n'a jamais construit de pont à partir de philosophie ou d'histoire, mais bien sur des calculs précis pour éviter qu'il ne s'effondre; les seuls ponts bâtis sans rigueur technique sont ceux du rêve ; ils nous permettent certes d'échapper à la réalité, mais celle-ci est d'autant plus amère quand nous nous réveillons.

L'un des domaines de prédilection de ces délires oniriques est le chômage en France dont plusieurs intellectuels cherchent à en analyser les causes dans un livre qui vient de paraître: Le chômage à qui la faute ? Editions de l'Atelier 2005.

Aucun de ces intellectuels n'a vraiment mené d'enquête; ils se contentent de s'appuyer sur la science infuse de leur propre perception et de bâtir des mondes au gré de leur fantastique intérieur.

C'est ainsi qu'on nous parle de remplacer les 35 heures par les 32 heures, de diviser le travail comme si celui-ci était une quantité finie, d'accuser le franc, l'euro fort, la politique monétaire, la politique non-monétaire, l'insuffisance de la croissance des budgets publics, l'excès de ces budgets publics, les politiques malthusiennes.

Mais après avoir ainsi cloué au pilori tout et son contraire, aucun remède n'apparaît, aucune voie précise sur laquelle s'engager. Et pourtant si ces intellectuels s'étaient seulement donné la peine d'étudier, de se demander pourquoi à 400 kilomètres de Paris, une autre nation crée 300.000 emplois de plus de plus chaque année depuis 20 ans là où nous n'en créons aucun; pourquoi les Danois, les Suédois, pour ne pas parler des Américains, sont tous sortis du chômage, ils auraient alors peut-être découvert comme nous l'avons fait, que ces peuples créent 2 fois plus d'entreprises,  pas des entreprises individuelles, mais des entreprises à fort potentiel de croissance, avec au moins 10 salariés de départ, que ces peuples mettent dans le financement de ces créations 10 à 100  fois plus que nous et qu'ils le font parce qu'ils ont mis en place des dispositions fiscales qui incitent ceux qui ont de l'argent à investir dans les entreprises. Ils auraient découvert qu'au lieu de tout demander à l'Etat, ce qui est l'ultime recours des faibles qui n'ont ni courage ni vision, c'est à l'initiative des individus que ces peuples se sont adressés.

Dans 10 ans, plus personne ne parlera de la France à l'échelle internationale; faute d'avoir compris comment on crée des emplois au XXle siècle, nous serons devenus un musée, car d'autres peuples sont en train de créer le futur économique et social du monde, mais sans nous.

Bernard Zimmern

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