Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vent d'Auvergne
5 mai 2009

Le défi européen

JJSS_Europe   Dans un mois, vous élirez vos représentants au parlement européen. Quels sont aujourd’hui les enjeux, les défis que nous devons relever et pour lesquels l’Europe doit être le levier le plus efficace ?

   L’avenir est écrit dans le passé. Les mentalités, finalement, changent moins qu’on ne le croit, hélas ! Il y a vingt ans, quasiment jour pour jour, Jean-Jacques Servan-Schreiber écrivait un article dans le quotidien national, depuis disparu, « Le Matin de Paris » qui a des résonnances bien actuelles. Intitulée « La grande peur de l’Europe » l’intervention de l’ex président (il venait d’en démissionner) du Parti radical nous paraît, dans plusieurs paragraphes, écrite pour les Français de 2009. Jugez-en :

   «… La réalité, c’est qu’il faut faire l’Europe au lieu d’en avoir peur…Les Français savent, ou ressentent qu’ils sont entrés dans une phase critique de leur histoire, et plus concrètement, de leur vie…
Comment vivre, avec quel salaire, par quel travail, demain, face aux Américains, aux Japonais, aux Coréens, aux Brésiliens qui montent à l’assaut et répandent ici chômage et restrictions ? Comment vivre aujourd’hui avec des enfants de douze ans, de vingt ans, dont on ne voit ni de près ni de loin, ce qu’ils pourront faire de leur intelligence, de leur courage, de leur talent ? Telles sont, vivement, les interpellations qui frappent chaque foyer français, sans exception.
Telle est la raison même pour laquelle l’Europe –unie, organisée, volontariste, l’Europe du salut public - a cessé d’être un mythe … pour devenir une nécessité et notre chance… »

   Puis JJSS stigmatise la« grande peur des bien-pensants », qui, aujourd’hui n’est plus faite de frilosité mais d’un désir conservateur de gérer l’Europe à la petite semaine entre élus politiquement correct et technocrates coupés de la réalité. Et il a cette phrase, qui décrit si bien l’attitude de nos (fausses) élites : « A chacune de ces échéances, on cherche refuge derrière le dénominateur commun que l’on croit confortable et solide, et qui soude les caciques entre eux : le mépris des Français. »

   Nous y sommes toujours vingt ans après. Ceux qui, hier, avaient la frousse de l’engagement européen se sont précipités depuis, dans une fuite en avant, à l’ouverture tous azimuts vers des pays qui n’ont rien à y faire, à l’infinie production de lois et de directives qui paralysent toute initiative. Pour nous, les peuples européens, l’Europe est devenue inintelligible, lointaine et comme étrangère, au lieu d’être notre chance et notre moyen de lutter contre la concurrence mondiale. Seuls les lobbys bien organisés et agressifs y trouvent leur compte. Le jeune à la recherche d’un stage, d’un travail, d’une aide n’a pas grand chose à espérer de ce machin qui ne sait que fabriquer les contraintes les plus ubuesques à jet continu.

   Et ce ne sont pas les partis officiels qui y changeront quelque chose. Ce qu’ils veulent : avoir plus de voix que le soi-disant adversaire national, caser quelques politiciens en préretraite et leur offrir une autre sinécure. Leurs professions de foi, sensées répondre concrètement à nos problèmes, ne sont que charabia électoraliste, novlangue à peine recyclée pour la cause, belles formules creuses. Allez les lire sur leurs sites Internet pour être édifiés. Comment faire de l’Europe une union, une puissance, une ressource, un espoir ? Cherchez ailleurs. C’est justement de cet ailleurs que nous vous parlerons au cours des prochaines semaines.

SW
Photo : Jean-Jacques Servan-Schreiber (Bureau Sygma)

Publicité
Publicité
Commentaires
S
Bonjour à vous et merci de vos commentaires à mes deux articles européens.<br /> <br /> Aujourd’hui les décideurs français favorables à l’Europe (à de rares exceptions) ne savent plus faire de la pédagogie pro-européenne.<br /> <br /> Ils s’investissent dans son fonctionnement par routine mais ne prennent aucun recul par rapport à elle et notamment son aspect de plus en plus technocratique et de moins en moins démocratique.<br /> <br /> Si bien que seuls sont audibles les eurosceptiques.<br /> <br /> Pour nous aider à réfléchir, à y voir plus clair, il faut retourner dans le passé et relire les gens de très grand talent comme JJ Servan-Schreiber ou JF Revel (dont j’ai publié dans Vent d’Auvergne un article datant déjà de 12 ans).<br /> <br /> Bien amicalement
N
Bravo<br /> Et c'est une encartée du Parti Radical prete à manger sa carte qui vous le dit<br /> <br /> JJSS faisait du développement durable avant l'heure, le développement durable de la politique...<br /> lA hauteur de vue et la longueur de vue manquent aujourd'hui en politique, et la gestion du court terme avec des mesurettes médiatiques mais plus opportunistes qu'efficaces aveuglent la reflexion globale <br /> Quand sortira-t-il du bois le nouveau JJSS ,
Vent d'Auvergne
Publicité
Vent d'Auvergne
Archives
Publicité