Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vent d'Auvergne
17 juillet 2008

L'erreur économique: Un pavé sur la plage

Philippe_Simonnot_Erreur__conomiqueLes  grands penseurs de l’économie, éternels gourous de nos hommes politiques, se sont, en fait, assez souvent trompés. Plus grave, ils ont fait des émules qui ont amplifié ce qui ne marchait pas, continuant à propager des idées fausses dans les journaux, les ministères, les partis politiques.

C’est la démonstration implacable, mais très utile, que réalise Philippe Simonnot dans un bouquin paru il y a trois ou quatre ans, et justement appelé « L’erreur économique. »(1) L’auteur s’y livre à un déboulonnage d’idoles assez bien venu, traquant l’idée folle surgissant dans la réflexion du penseur, la mauvaise décision de l’homme politique au pouvoir et la persévérance dans l’erreur qui est une marque de notre époque, comme si nos élites autoproclamées étaient privées de sens critique et de mémoire.

C’est Adam Smith, faussement présenté comme le père de l’économie, qui introduit dans le fruit le ver de la valeur des produits basés sur le travail. En passant par Ricardo qui se préoccupe du partage du gâteau sans daigner réfléchir à la façon dont il est créé. Le chemin menant à Karl Marx et à la lutte des classes est tout tracé.

C’est Malthus, qui, certes, a justement critiqué la providence étatique et a bien vu l’aspect positif de la limitation des naissances mais qui a, cependant, introduit la peur en annonçant une  progression géométrique des naissances dans le monde, que celle, arithmétique, de la production ne saurait, pensait-il, nourrir. Cette vision a, malheureusement, permis les élucubrations du Club de Rome qui firent fureur en leur temps et encore aujourd’hui, l’erreur ne dételant jamais, avec le thème de la croissance zéro ou négative.

Autre baliverne, l’apologie du protectionnisme au niveau national, faite par un certain Friedrich List au 19ème siècle et que l’on pensait discréditée autant par l’exemple que par la démonstration la plus élémentaire, refait surface actuellement dans les  ligues antimondialisation.

Keynes, qui se fit une certaine réputation en prédisant que l’Allemagne ne pourrait honorer les traites de la guerre 14-18, devint plus tard le pape des politiques de relance. Cette idée nouvelle, dans des sociétés qui évoluaient vers la consommation, fit fureur. Comme Keynes proposait, pour endiguer un capitalisme – forcément - sauvage, l’intervention de l’Etat, son succès était assuré auprès des socialistes et des étatistes de nos sociétés développées. Le succès de nos économies, par contre, le fut beaucoup moins. On n’oublie pas impunément les conseils des fins observateurs que furent Condillac, Say, Bastiat et les autres libéraux.

Quand il choisit mal ses maîtres en économie, l’adepte politique se fourvoie. A travers le temps, Simonnot relève les piteux résultats de Churchill en 1925 et de Beregovoy soixante ans plus tard, fixant trop haut la parité de la monnaie nationale. Même critique de la politique  des prix trop élevés : le pétrole en 1973 avec l’OPEP, les prix agricoles européens avec la PAC. Car il y a toujours un risque à ne pas tenir compte de la loi de l’offre et de la demande. Cela vaut également pour les prix fixés à des niveaux trop bas qui induisent des effets pervers : crise actuelle du logement en France avec les loyers HLM, pollution, encombrements et baisse de qualité dans les sites touristiques (2).

Avant que les manuels de sciences économiques de nos lycées – et les cours dans nos universités - prennent en compte le principe de réalité, dénoncent les erreurs  et critiquent les tromperies des idoles de l’économie, comme le fait Philippe Simonnot, lisez, par ces temps pluvieux de l’été 2008, que vous soyez à la montagne, à la campagne ou à la plage, ce livre qui remet les pendules à l’heure. Vous reviendrez plus intelligents en septembre.

Serge Weidmann


(1)    Philippe Simonnot est docteur en siences économiques et professeur à l’Université de Paris X et de Versailles. Son livre « L’erreur économique » est paru chez Denoël en 2004 (cliquez sur l'image pour l'agrandir). Le titre est une forme de coup de pied envoyé à Mme Viviane Forrester, qui commit, en son temps, une « horreur économique », relevant davantage d’un fantasme de bourgeoise bohème que d’une analyse rationnelle du monde.

(2)    La réflexion reste à mener dans ce domaine économique qu’est le tourisme. Les prix trop bas, voire la gratuité d’accès, est source de surpeuplement, de pollutions diverses, de dégradation de l’environnement. La réhabilitation des sites, quand elle se  fait, est payée par les autochtones, les contribuables et non les touristes eux-mêmes.

Publicité
Publicité
Commentaires
C
Pour lire tes articles plus facilement, je te mets dans mes liens politiques.<br /> Cordialement<br /> Colette
Vent d'Auvergne
Publicité
Vent d'Auvergne
Archives
Publicité