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Vent d'Auvergne
14 mars 2008

La stratégie perdante de Michel Fanget

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Il est une phrase qui revient comme un refrain dans la bouche de Michel Fanget, le président du MODEM du Puy-de-Dôme : « Clermont est une ville qui est au centre » (au sens politique du terme. Et pour donner plus de poids à sa formule, il ajoute parfois : « C’est Roger Quilliot (1) qui me l’a dit.» Voyons de plus près ce qu’il en est aujourd’hui.

Nous retiendrons pour l’analyse les résultats du premier tour des élections présidentielles de 2007, les plus significatifs. En effet, le corps électoral a voté à une très large majorité et toutes les composantes du spectre politique étaient représentées. A lire le graphique ci-dessus (vous pouvez cliquer dessus pour l'agrandir), Michel Fanget se trompe. Si on regroupe les candidats selon les cinq grandes familles politiques françaises: l’extrème gauche, la gauche, le centre, la droite, l’extrème droite, on s’aperçoit que la courbe, qui joindrait les sommets des histogrammes représentant les résultats, est bimodale, avec une pointe à gauche (36,61% des suffrages exprimés ou SE) et une à droite (avec 27,61% des SE). Gauche et extrème gauche totalisent 45, 29% des SE, droite et extrème droite 34,12% des SE. Avantage évident aux gauches.

Naturellement, pour gagner l’élection à Clermont-Ferrand, les deux candidats du second tour de la présidentielle, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, devaient séduire l’électeur médian, celui qui a autant d’électeurs à sa droite qu’à sa gauche. Cet électeur est au centre, car il y a des centristes à Clermont-Ferrand, même s’ils sont loin d’être majoritaires. Par contre, c’est d’eux que dépend la victoire, ou l’échec, des deux candidats des grandes coalitions.

A Clermont-Ferrand, Ségolène Royal est arrivée en tête au second tour avec 57,42% des SE. Elle a donc gagné au centre 12,13%, soit près de 60% des voix obtenues par François Bayrou au premier tour. De son côté, Nicolas Sarkozy raflait les 8,46 % restants pour atteindre 42,58% des SE. C’est cette réalité qu’a bien vue Michel Fanget et qu’il a traduite dans une stratégie politique pour les municipales, que l’on peut résumer par la formule : « Je suis leur chef, donc je les suis.» D’où sa liste autonome au premier tour, ses œillades répétées à la gauche et ses critiques du programme d’Anne Courtillé. Avec, comme ultime jouissance, le plaisir de se payer cette droite qui l’a si longtemps considéré comme le vilain petit canard de la famille.

Oui, mais! Les municipales ne sont pas les présidentielles. Et je retournerai à Michel Fanget sa formule favorite, pléonasme inclus : « Les élections municipales sont des élections locales de proximité » (2). Ce qui signifie que Serge Godard n’est pas Ségolène Royal. D’abord, il est moins séduisant et ensuite, il a beaucoup de choses à son passif, quoi qu’on dise. Car ce « socio-démocrate » (dixit Fanget) s’est distingué, depuis son élection comme maire en 1997,  par son autoritarisme, son matraquage fiscal, son esprit de clan et son désintérêt pour les gens –interrogez les personnels de la ville et les habitants de la rue du Creux-de-La-Chaux et de la Gantière. Aussi il n’est pas stupide de penser que, face à une liste de rassemblement de la droite (Anne Courtillé), du centre (Michel Fanget) et d’une partie de la gauche (Gilles-Jean Portejoie) dotée d’un bon programme, les Clermontois auraient pu sauter sur l’occasion pour fermer la parenthèse Godard. Anne Courtillé et Gilles-Jean Portejoie voulaient jouer cette carte, pas Michel Fanget, qui a ainsi sacrifié l’avenir de la ville à des critères politiciens et personnels. Les Clermontois de droite et du centre, furieux, ont réagi comme on sait: en allant à la pêche à la ligne dimanche dernier ou en snobant avec hauteur l’urne municipale alors qu’ils déposaient leur bulletin dans l’urne pour les élections cantonales, dans leur bureau de vote.

Si, à l’issue des votes du premier tour, Serge Godard, avec son score de 19464 voix, retrouve celui de Ségolène Royal au premier tour de 2007 (19558 ), Michel Fanget, avec 6287 suffrages ne recueille que la moitié des voix de François Bayrou (12195.) Idem pour Anne Courtillé (8176 voix), alors que Nicolas Sarkozy en avait obtenu 15213. La « machine à perdre » a bien fonctionné.

Enfermé dans sa logique tétue jusqu‘au bout, Michel Fanget vient de refuser l’union avec la liste « L’Avenir à Grande Vitesse » d’Anne Courtillé et se maintient au second tour. Un strapontin lui sera, ou non, offert par le nouveau maire. Qu’importe, après tout, l’avenir de cet homme. De toute cette lamentable affaire, nous ne retiendrons qu’une chose: une fois de plus, c’est Clermont-Ferrand qui a perdu. Aux Clermontois de sanctionner comme il convient, dimanche prochain, cette façon d’agir.

Serge Weidmann

(1) Ancien maire socialiste de Clermont-Ferrand
(2) Une ville « de gauche » peut fort bien plébisciter une liste de droite: voir à Bordeaux avec Alain Juppé.

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