La droite est de retour

Bonne nouvelle, pour nous : la droite est de retour et elle s’assume comme telle : libérale, sociale et pour l’ordre. C’est ce que montre un sondage IFOP, réalisé fin octobre et début novembre auprès  d’un échantillon de sympathisants UDF, UMP, MPF, FN pour le magazine Valeurs actuelles (voir la photo en entête).

«Plurielle et décomplexée» selon l’expression du journaliste Eric Branca, la droite se reconnaît «de droite». Les Français, qui n’hésitent plus à revendiquer cette étiquette, expriment sans doute un ras-le-bol devant les slogans primaires, les ukases, les idées toutes faites des cabots et des kapos du camp d’en face. Ils affirment aussi des valeurs nouvelles ou plûtôt des valeurs traditionnelles que l’on croyait mortes en mai 68. Changement d’attitude bien venu que nous autres, les grenadiers blogueurs de l’avant-garde droitière auvergnate, avons perçu dans certains commentaires à nos articles, à travers les encouragements de lecteurs favorables, voire enthousiastes, nous disant : «enfin, nous sortons de la langue de bois et des idées convenues…».

Les attentes de cet électorat sont sans équivoque: que les agents des entreprises publiques fassent leur travail, le service minimum est exigé (d’ailleurs promis par Jacques Chirac en 2002 : paroles…paroles…), que les impôts baissent, que les droits de succession en ligne directe disparaissent, ainsi que les 35 heures, que le CNE soit généralisé, que l’on diminue le nombre des fonctionnaires. Voilà pour les mesures libérales.

Mais que l’on réforme l’ordonnance de 1945 afin de condamner les mineurs délinquants, voilà pour l’ordre. Préférence européenne pour l’emploi, le logement, les prestations sociales et expulsion des étrangers en situation irrégulière : j’entends déjà nos vertueux «droits-de-l’hommistes» hexagonaux s’indigner. Ils n’ont peut être pas très bien compris ce qui fonde une communauté stable et durable: des valeurs partagées. D’ailleurs, préférence n’est pas exclusion. Ce choix, hasard ou convergence des réflexions, fait écho à une phrase d’Ivan Rioufol, dans un article récent mis en ligne sur le site Atlantis Institute : «Nombreux sont ceux qui sont prêts à entendre un discours de mobilisation sur la défense de l’identité française et européenne.»

Par contre, le monopole du cœur de la gauche est mort: là aussi, libéralisme oblige, il y a maintenant concurrence, avec l’approbation du revenu parental pour les mères au foyer, les sanctions à l’encontre des communes qui ne construisent pas assez de logements sociaux. Ce dernier point, avec le refus de supprimer l’ISF, est sans doute le signe qu’une partie de l’électorat ouvrier nous a rejoints, même s’il ne manifeste pas, ici, une grande cohérence libérale.

Il s’agit naturellement, dans cette étude statistique, d’opinions majoritairement exprimées. J’avoue que, personnellement, je suis parfois en désaccord avec telle ou telle. Mais elles établissent une image, qui peut certes évoluer, de la droite française d’aujourd’hui. Ses candidats aux élections à venir devront en tenir compte dans leur programme, même si, dans tel ou tel cas, il ne leur est pas interdit de faire œuvre pédagogique afin de faire évoluer les esprits.

Serge Weidmann