Présidentielles 2007: Les extrêmes en finale?
Dans la dernière émission télévisée de Franz Olivier Giesbert (FOG pour les fans), une jeune femme demanda à l’invité Brice Hortefeux pour qui il voterait, au second tour de l’élection présidentielle, en cas de duel Le Pen-Laguillier. L’intéressé répondit que, dans cette hypothèse, il consacrerait son dimanche à se promener sur les sentiers des montagnes d’Auvergne, près de chez lui. Je l’accompagnerai volontiers. On pourrait même envisager de créer, ce jour-là, un dimanche du piéton. Je parie que les chemins de randonnée de France et de Navarre seraient noirs de monde.
Trêve de plaisanteries. Car la question posée était loin d’être farfelue. Elle a été traitée, avec des arguments solides, par le professeur d’économie Bertrand Lemennicier (voir son site : http://lemennicier.bwm-mediasoft.com ) dans un article intitulé : «La polarisation de la vie politique française aux extrêmes et la présidentielle de 2007». Avec son autorisation, je l’ai mis en ligne dans Vent d’Auvergne le 9 juin 2005 sous le titre «Présidentielles 2007 : Et si le pire arrivait?»
Où en sommes-nous aujourd’hui ? Au même point, et le référendum de 2005 n’a fait que confirmer son analyse : «L’insatisfaction croissante des citoyens devant la classe politique française peut se mesurer par le poids des votes des partis au centre (UMP, UDF, PS) par rapport aux partis situés aux extrêmes (extrême gauche et extrême droite). Cette montée des extrêmes, déjà largement perceptible en 2002, explique le rejet de la constitution de l’Union européenne de 2005 et marque le début d’une période d’instabilité politique en France. Ce qui augure mal des prochaines présidentielles de 2007 si cette tendance se prolonge et si rien ne change dans le mode d’élection». Et j’ajouterai : «si aucun candidat ne rompt avec la logique politique actuelle» (voir photo en introduction de cet article).
Il est à craindre que la quasi-stagnation de notre économie –nonobstant les cris d’allégresse de Thierry Breton- le maintien du chômage à un taux élevé, la persistance, malgré les progrès réalisés et les bonnes statistiques, d’une criminalité élevée contre les personnes, une fiscalité injuste pour ceux qui créent et se défoncent- pour ne parler que des points les plus importants- ne changent pas fondamentalement les dispositions d’esprit des Français. A moins que, parmi les candidats des partis de gouvernement-par ordre alphabétique-: François Bayrou, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, l’un d’eux, osant tourner le dos aux vieilles lunes de l’exception française, qui nous plombent depuis des décennies, et contre les adeptes de la pensée unique de son propre camp, s’engage fermement dans la voie d’une révolution culturelle et évite le chaos.
Parce que, si Le Pen et Laguillier (ou Besancenot ou un autre du même acabit) restent seuls au second tour, ce sera l’arrêt de mort de la Vème République, en particulier, voire de la République en général. Y aura-t-il d’ailleurs un second tour ? Une période de troubles et d’instabilité en résultera dont l’issue est incertaine. Des régions pourront décider de faire sécession, des appels à la restauration de la Royauté se feront entendre. Vous voulez vivre pareille situation ? Pas moi.
Les sentiers de randonnée de l’hypothétique dimanche du second tour risquent de ne pas être des sentiers battus. Il faudrait d’urgence baliser ces chemins si l’on veut qu’ils nous conduisent vers une destination heureuse.
Serge Weidmann
Cet article ouvre une série de réflexions consacrées à l’élection présidentielle de 2007.