Tontonmania dans le Puy-de-Dôme
Les socialistes, au fond d’eux-mêmes, sont de grands sentimentaux. Leurs adversaires ne s’en rendent pas toujours compte, mais c’est un fait. C’est, je pense, la première motivation qui a poussé le Conseil général du Puy-de-Dôme à organiser une exposition sur : « François Mitterrand dans le Puy-de-Dôme », ressuscitant ainsi la Tontonmania qui sévissait en 1988.
J’avoue garder de l’ancien président de la République une image peu favorable et c’est un euphémisme. La politique qu’il mena durant deux septennats ne m’a pas particulièrement emballé. Cette mauvaise impression fut encore accentuée à la lecture des livres sulfureux de Jean Montaldo, du capitaine Barril et de Jean-Edern Hallier.
La belle affaire ! Pour nos vieilles gardes de la gauche puydômoise, François Mitterrand est, photos à l’appui, un gentil promeneur tout simple, pas fier pour deux sous, amateur de pêche à la ligne, de rencontres avec les copains, d’inaugurations diverses dans le coin, avec les notables socialos agglutinés autour de leur idole, de bouffes « sympas », un type bien tranquille, une sorte de héros déguisé en monsieur tout le monde. Le retour à la terre, il n’y a que cela de vrai pour faire, d’un président de la République, un autre homme. Comme disait l’autre : la terre ne ment pas.
L’exposition n’évoque pas les amours auvergnates de Tonton. Dommage. « Quatre vingt dix pour cent des invités du lac Chauvet ne savaient pas » nous affirme Michel Charasse. Il ne dit pas qui étaient les dix pour cent restant. Ces socialistes-là, élevés selon les bons principes de l’école laïque, gratuite et obligatoire, que leur ont enseignés les hussards noirs de la République, savaient que la curiosité est un vilain défaut. Ah, les braves cœurs !
Reste que François Mitterrand, n’a pas fait l’unanimité parmi les Français et que le Puy-de-Dôme, compte encore une bonne partie d’électeurs à droite. Aussi, il me semble que la majorité de gauche de son Conseil général aurait dû monter cette exposition avec ses propres deniers et non avec ceux de tous les contribuables du département, dont beaucoup se contrefichent des virées champêtres auvergnates de feu Tonton.
Serge Weidmann