Ils sont fous, ces Anglais!
Je n’arriverai jamais à comprendre les Anglais. C’est normal : ils ne sont pas Français. Ces gens-là ont une tendance fort regrettable qui consiste à virer leurs hommes politiques quand ils réussisent. Et en plus, c’est leur parti politique qui veut, d’abord, s’en débarrasser.
C’est, hélas ! la malheureuse expérience que vit actuellement Tony Blair. Malgré la réussite économique de son pays, dont il est pour beaucoup, ses amis font tout pour le pousser vers la sortie. Margaret Thatcher a connu autrefois le même problème avec le parti conservateur. Après avoir nettoyé, et avec quelle pugnacité, les écuries d’Augias d’Outre-Manche, après avoir sorti son pays de « la route de la servitude », comme l’écrivait Friedrich Hayek, après avoir dompté les syndicalistes les plus virulents, avoir libéralisé et dérèglementé le « british mammouth » et donc, permis de relancer l’économie de son pays, elle fut remerciée comme une malpropre par ses (faux) amis. Que n’a –t-elle alors, comme beaucoup d’Anglais retraités, émigré en France ? Nous aurions pu faire utilement appel à ses compétences pour réformer la politique française.
Mais, chez nous, pareilles choses ne peuvent se produire. Malgré quatorze années de politique désastreuse, jamais aucun membre du parti socialiste n’a élevé la voix pour demander le départ de François Mitterrand. Pire, certains sont prêts à remettre en selle un vieux cheval de retour comme Lionel Jospin, qui n’a même pas réussi à se qualifier pour les finales, en 2002.
Après douze années de gestion étatique et prudente de l’après-socialisme, c’est tout juste si, à droite, quelqu’un s’avise que Jacques Chirac, qui a, circonstance aggravante, vingt ans de plus que Tony Blair, pourrait prendre une retraite bien méritée. Non, certains rêvent même de le voir rempiler pour cinq ans.
Comment voulez-vous avec de telles différences culturelles entre nous, que nous comprenions quelque chose à l’esprit anglais ? Et dans ces conditions, faire l’Europe avec de pareils gens devient une gageure. D’ailleurs, peut-on même considérer qu’ils font partie de cette Europe? Je vous fais le pari que l’on arriverait mieux à s’entendre avec les Turcs.
Serge Weidmann