L'ennemi public numéro un
Le site internet clermontois Cyberbougnat a ouvert « un blog pour défendre les actions des majorités de gauche auvergnates ». Ce blog s’intitule : Infos-clermont-ferrand. Outre son bandeau rose, couleur du socialisme national, il offre la particularité, qui est une première dans la blogosphère, d’être entièrement anonyme. Qui écrit les textes? Personne n’en sait rien. Il s’agit d’une gauche zombie que j’ai baptisée : les Blogueurs Roses Anonymes (BRA).
Un des premiers articles, intitulé : « Quelle abomination que l’Etat, n’est ce pas ?», prend votre serviteur pour cible. Honneur que j’apprécie à sa juste valeur, comme il se doit. Mon article contre l’Etat moderne tentaculaire (1) a fait bondir un de nos BRA qui se déchaîne contre moi. Me voilà devenu l’ennemi public numéro un. Mais, au lieu d’argumenter, de soutenir la thèse opposée à la mienne, ce qui aurait permis un débat constructif, notre auteur passe son temps à me discréditer. On reconnaît là le vieux procédé stalinien: flétrir l’homme plutôt que réfuter ses idées.
Nous assistons alors à une diatribe où se mèlent l’ironie facile et les attaques personnelles. Par glissements successifs, il est suggéré que je serais l’ennemi juré des fonctionnaires (ceux qui connaissent ma vie professionnelle se tapent sur les cuisses), que j’aurais des préjugés racistes (attention aux dérives, les gars! La polémique et l’anonymat n’autorisent pas tout!). Si les autres articles de ce nouveau blog sont de la même eau, le débat politique clermontois sur internet va atteindre des sommets.
Le seul thème abordé qui soit intéressant est celui concernant l’affaire du cinéma Le Paris à Clermont-Ferrand, qui est un cas concret. Le BRA m’interpelle en ces termes :
Rappelons que c’est le même Weidmann qui peste contre la possibilité d’un monopole cinématographique sur Clermont-Ferrand et que ses amis et lui-même demandent régulièrement à la mairie d’agir en faisant pression sur le propriétaire du Paris et sur celui des locaux du Cinéma Capitole. Mais dites-moi M Weidmann, si je me trompe, ce ne serait pas une intervention de ce fameux Etat sur un contrat qui lie deux personnes privées ?
D’abord, mon interlocuteur confond Etat et commune (si Mr Godard savait cela, il ferait de la lévitation), ce qui ne révèle pas une connaissance très poussée de l’organisation administrative de la France. Mais je pense qu’il voit les deux comme une même notion de « pouvoir public », ce qui n’est pas faux, au moins dans les communes d’une certaine importance, dont Clermont-Ferrand. Acceptons la chose.
Ensuite, dans les deux articles de Vent d’Auvergne que j’ai consacrés à ce sujet : « Le Paris ne veut pas couler » le 24 janvier 2006, et « Le champ du cinéma se ferme à Clermont-Ferrand » le 23 juin 2006, je n’ai jamais demandé que la municipalité intervienne dans les rapports entre personnes privées. Que mon BRA relise ces deux articles avec attention. Ce que j’ai demandé, c’est que la mairie assume, et dans les temps, toutes ses responsabilités, y compris une solution de relogement du Paris, au besoin. Parce qu’enfin, c’est bien par son intervention urbanistique délirante : Carré Jaude 1 puis Carré Jaude 2 que la municipalité de gauche clermontoise a mis Le Paris dans cette situation catastrophique. Il me paraît donc nécessaire et juste de demander à l’éléphant de réparer les dégats qu’il a causés dans le magasin de porcelaine. Pas à vous, « chers » blogueurs roses anonymes ?
Serge Weidmann
(1) Voir dans Vent d’Auvergne : « Affliction pour la fiction » paru le 6 juillet 2006