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Vent d'Auvergne
9 juillet 2006

Il y a 10 000 ans, les premiers OGM

Il_y_a_10_000_ans_les_premiers_OGMLe retour de l’été, dans notre belle France, c’est aussi le retour des «destructeurs délibérés»(1) de champs plantés en OGM.
Si les motivations de ces casseurs de la nouvelle génération sont complexes, il en est une qui s’appelle la peur, notamment, des modifications génétiques.
Or, nous ne nous posons jamais la question de l’origine des plantes agricoles que nous consommons journellement : blé, riz, haricot…Et si, elles aussi, étaient le résultat de changements dans leurs gènes, effectués par les hommes du néolithique, il y a 10 000 ans, avec des techniques différentes des nôtres, mais tout aussi efficaces?
Le temps des vacances étant propice aux visites dans les bibliothèques, j’exhume de la mienne un livre intitulé « Les géants et le mystère des origines »(2). L’auteur, Louis Charpentier, nous présente son hypothèse à propos de l’invention de l’agriculture. Lisez plutôt :

« En ce qui concerne la culture le mystère est plus grand encore...
Sur le papier, c'est très simple et les spécialistes l'ont résolu sans difficulté, par le «brûlis». Voilà: on brûle un coin de forêt; sur cet emplacement poussent des graminées, on en sélectionne les graines que l'on replante les années suivantes dans un autre « brûlis »; la qualité du grain s'améliorant d'année en année on finit par récolter des céréales. Et l'on se retrouve avec des avoines, des orges, des millets, des blés, des maïs...
Il faudra, quelque jour, demander à nos agronomes d'essayer cela et, bien entendu, avec leurs mains nues et un camion de morceaux de silex -et tout en assurant leur substance par les moyens du bord.
Impossible? Qu'à cela ne tienne. On fera donc opérer cette sélection à long terme en des lieux sans forêts, où la terre est « limon », par suite d'inondations annuelles, comme en Egypte et comme ce dut être en Mésopotamie. Et il est vrai que, lorsque l'on eut quelque chose à cultiver, c'est certainement en ces lieux que la réussite fut la plus grande.
Quant à passer de l'herbe à la céréale, c'est autre chose. Là, comme avec les animaux, il faut obtenir une mutation, il faut changer le « génie » de la plante où, en termes actuels, en modifier les « gènes » (c’est d’ailleurs le même mot).

Sans doute a-t-on retrouvé la plupart des espèces sauvages qui furent à l'origine de cette mutation, mais personne ne sait comment elle fut opérée. Et je suis convaincu qu'aucun agronome moderne, avec, pourtant, des champs millénairement préparés pour la culture, ne saurait la réaliser. Nous avons l’orge, nous avons le maïs, nous avons l'avoine, et il est strictement impossible que l'homme préhistorique, tel qu'on nous le décrit, ait jamais pu les « construire »… 
Cela ne se fait point en pourchassant l'aurochs dans les bégonias sauvages. En admettant qu'une telle mutation ait pu s'obtenir par une lente transformation, une lente sélection, encore eût-il fallù d'abord créer les moyens de cette sélection: les champs. Donc, il eût fallu que l'homme fût cultivateur avant d'avoir quelque chose à cultiver et, à moins qu'il n'ait été prophète, avant de savoir même ce qu'il aurait un jour à cultiver.

Et le blé? D'où vient-il donc, ce blé? La trouvaille dernière, en Asie, d'un triticum dit sauvage est venue libérer d'un gros poids d'irrationalisme les préhistoriens. Et s'il est vrai que ce triticum est réellement du blé sauvage (on l'a découvert bien tard!) et non du blé dégénéré, on se demande par quelle opération de leur esprit ceux qui entreprirent de le rendre «blé», froment, savaient, d'une part, ce qu'ils obtiendraient en le sélectionnant et, d'autre part, comment ils le sélectionneraient.
On oublie trop que la culture est une des sciences les plus «difficiles» du monde, même lorsqu'elle est pratiquée par routine et que «faire le blé» a été un tour de force qui postulait une connaissance de la nature, du sol et des plantes qui ne peut être le fait que de gens extrêmement  savants… »

Certes, il s’agit d’une hypothèse. Mais je constate que Louis Charpentier est l’un des rares auteurs qui tente d’expliquer la « révolution néolithique », au cours de laquelle on domestiqua également des animaux sauvages, et qui ne se contente pas de la décrire.

Si les choses se sont passées comme il le dit, envions nos lointains ancêtres qui n’avaient pas, pour les freiner dans le progrès humain et social, des énergumènes, adeptes de la pensée «josébovine», qui ne pensent qu’à détruire ce que d’autres créent.

Serge Weidmann

(1) L’expression est celle employée par le député Louis Giscard d’Estaing. Voir, dans Vent d’Auvergne, mon article du  20 janvier 2006 intitulé « Quelques vérités sur les OGM »
(2) Paru aux Editions Robert Laffont en 1969 et aux Editions J’ai lu en 1975.

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Commentaires
S
Bonjour,<br /> <br /> Et merci de votre commentaire qui ouvre un débat.... métaphysique!<br /> <br /> La nature est-elle créatrice? Et de quoi ?<br /> <br /> Vous voyez d'ici les discussions animées entre ceux qui pensent que la nature crée ( évolutionnistes ) et ceux qui pensent que Dieu et l'homme seuls créent.<br /> <br /> Heureusement qu'Agora vox n'a pas publié mon texte, sinon, c'était le "troll" assuré.<br /> <br /> Bien cordialement<br /> <br /> SW
J
Et ce que la nature crée ?
B
Heureusement que personne à l'époque n'a pensé à breveter ces trouvailles lol
Vent d'Auvergne
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