Laure Adler super star

Il m’arrive d’être en admiration devant mes adversaires de gauche. Ils ont un culot phénoménal pour transformer leurs défauts en qualités, leur vide programmatique en génie médiatique. Elus par accident aux élections régionales auvergnates en 2004, ils appliquèrent sans attendre quelques mesures électoralistes figurant dans le programme national du PS, comme la gratuité des manuels scolaires, ou idéologiques comme le refus de financer l’entretien des bâtiments scolaires privés.

Mais que faire d’autre, n’ayant pas de programme ? Des assises pardi ! Afin de demander au bon peuple auvergnat de leur donner quelques idées à mettre en œuvre en attendant l’échéance de 2010. Puis, comme il convient, en politique, de toujours occuper le devant de la scène, notre gauche bricola quelques débats sur des thèmes à la mode (ils ne savent d’ailleurs rien faire d’autre que transposer dans la société civile les occupations qui sont les leurs au sein de leurs sections politiciennes). C’est ainsi qu’on blablata à propos des OGM au cours de quatre réunions  décentralisées. Cette initiative ayant fait plouf ! quelqu’un s’avisa que, la culture étant au socialisme ce que le Coran est aux musulmans, il serait bon de remuer les cendres du foyer culturel régional quelque peu éteint, voire jamais allumé, depuis la prise de pouvoir de nos brandisseurs de roses. D’où la création, vendredi dernier, de l’agence « Art et culture en région Auvergne » (ACRA), pilotée par la très séduisante, la très célèbre et la très pugnace Laure Adler, chargée de fédérer les acteurs culturels autour d’un projet régional et à promouvoir ce dernier.

Ce coup médiatique, présenté comme l’aboutissement d’une géniale idée de feu Pierre-Joël Bonté, conclu par son successeur, doit être relativisé. Quelques informations différentes parvinrent à mes oreilles, portées par le vent d’Auvergne. Laure Adler, contactée, hésitait à venir travailler dans une maison socialiste, agitée, comme actuellement toutes les maisons socialistes, par la guerre des gangs présidentiels. In fine, elle cèda à l’amicale pression d’une personnalité socialiste auvergnate, non élue au Conseil régional. Mais il sera intéressant de suivre le travail de l’ancienne directrice de France-Culture dans le marécage des cultureux locaux, entre une vice-présidente du Conseil régional à la culture qu’elle va rejeter dans l’ombre, les responsables des organismes fédérés dans l’ACRA et placés sous sa férule, sans parler d’une DRAC, qui ne sort de son bunker qu’avec réticence. Passionnante situation, au sens romanesque du terme, dont je vous invite à suivre les évolutions avec délectation.

Serge Weidmann

Comments

[gloups]

Soyez prudent, caricaturer la cultureuse Laure Adler peut vous mener au tribunal : http://rue89.com/2007/06/12/laure-adler-a-la-caricature-amere
!