La nouvelle guerre sainte

Les réactions dans le monde musulman, après la publication dans la presse de plusieurs pays européens de caricatures de Mahomet, sont stupéfiantes par leur ampleur, leur durée et leur extrémisme.

Certes, on peut comprendre l’indignation de croyants devant la mise en boîte d’un homme qui a, pour eux, un caractère sacré. Mais ces scènes d’hystérie collective, ces flambées de violence se traduisant par des saccages d’ambassades et des attaques contre policiers et pompiers qui viennent éteindre les incendies allumés, ne sont pas admissibles.

En fait, nous appréhendons mal, nous autres occidentaux, imprégnés -même si nous croyons nous en être affranchis- de culture chrétienne, la politisation du religieux et les valeurs de la culture musulmane, très éloignées de notre humanisme.

De même, les hommes et femmes vivant dans ces sociétés ne comprennent pas non plus –sauf quelques universitaires distingués et plus ou moins occidentalisés- le monde moderne que nous avons bâti,  plutôt matérialiste, dans lequel le fait religieux est du seul ressort de la vie privée. Les bons côtés de nos sociétés où la liberté de chacun est reconnue –sinon vraiment respectée- le développement économique et technologique, ne les séduisent pas d’avantage. S’ils se les accaparent, c’est comme des armes pour mieux nous frapper. Car notre modèle est pour eux un repoussoir, une menace ; il est si différent du leur qu’ils en ont peur et n’en veulent pas, au mieux, ou veulent le détruire, au pire.

Ceux qui parlent de choc des civilisations ont raison. Ils seraient même actuellement en dessous de la vérité car c’est de guerre de civilisations qu’il s’agit. Elle a déjà commencé. Avec les attentats en Amérique et en Europe, avec l’action américaine en Irak, avec le durcissement des chefs d’Etat musulmans, en Iran, en Palestine, la guerre sainte lancée contre Israël par les états musulmans limitrophes. Guerres de réseaux terroristes fluides, guerres d’états, guerres civiles à redouter à l’intérieur des nations où vivent des musulmans et des non-musulmans. Les conflits seront multiformes et le mot guerre ne reflète pas forcément les divers types d’affrontements qui nous attendent. Mais ne croyez pas, mes chers amis, que la France sera, dans ce contexte, un hâvre de paix. Aussi n’écoutez pas nos belles âmes « droits de l' hommistes » qui croient que « tout le monde il est beau tout le monde il est gentil.»

Chaque camp aura, que dis-je, a déjà, ses guerriers, ses fanatiques, ses modérés et ses traîtres.

Si les hommes de bonne volonté d’occident veulent préserver les valeurs auxquelles ils croient : la démocratie, la liberté, autant qu’ils prennent conscience le plus tôt possible des réalités et s’arment dès à présent de détermination et surtout, de lucidité afin de voir qui est l’ami et qui est l’ennemi et… qu’ils se défendent, qu’ils défendent par tous les moyens leur civilisation menacée.

Serge Weidmann