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Vent d'Auvergne
16 juin 2005

Premier train privé en France

L'article ci-dessous est paru dans "la nouvelle lettre" de Jacques Garello du 11 juin 2005.

Quinze jours après le "NON" au referendum: les chiens souverainistes et marxistes aboient, la caravane libérale passe.

trainsL’affaire était décidée depuis des mois. Mais c’est, très symboliquement, au lendemain du referendum qu’elle a été mise en pratique : beaucoup de Français, pris dans l’ambiance antilibérale des partisans du non comme des partisans du oui, Président de la République en tête, ont dû être étonnés de l’apprendre : le premier train privé vient de rouler en France sur les lignes de Réseau ferré de France.

La SNCF a donc perdu son monopole. Un premier train de marchandises de la Connex, division transport de Veolia Environnement, a circulé sur le réseau ferroviaire français. A vrai dire, cela fait longtemps que cela aurait dû être le cas, car la directive européenne ouvrant le marché ferroviaire date… de 1991. Mais, comme toujours en France, il a fallu attendre des années avant que cette directive n’entre en vigueur. Cependant, comme toujours également, en dépit des résistances syndicales et politiques, l’ouverture à la concurrence finit par se faire.

Cela concerne pour l’instant l’activité fret transfrontalière. Mais les choses vont aller vite, car pour ce qui est du cabotage (activité fret intérieure au pays), cela sera possible dès le 1er janvier 2006. Et le trafic voyageur lui-même sera concerné avant la fin de la décennie, sans doute en 2009 : on pourra alors choisir la compagnie de chemin de fer sur laquelle on voyagera : la concurrence sera la même que celle qui existe ou va exister pour les transports aériens, les télécommunications ou le transport du courrier. On est loin, on le voit, des fantasmes sur les services publics à la française, mais les Français, soumis à une telle propagande pendant les mois qui ont précédé le referendum, ne le savent pas et pensent que l’on en est toujours aux monopoles publics.

Sur le plan pratique, le premier train privé est parti des aciéries allemandes de la Sarre  pour arriver en Moselle. Il s’agissait d’une rame à l’essai et ce train a circulé à vide. Mais le « sillon »  a été réservé sur ce trajet pour tous les jours suivants et le train va être chargé de chaux en France à destination des aciéries allemandes. Il a eu pour opérateur la CFTA Cargo, filiale de la Connex, qui s’est donc substituée à la SNCF. C’est un agent de la Connex qui a conduit sur la partie française de la ligne, puis un Allemand sur la partie allemande.

Inutile de dire que les syndicats, comme toujours favorables au monopole public et hostiles à la moindre concurrence, se sont empressés de protester et ont accueilli le train privé en gare, pas pour lui faire une fête, on s’en doute, mais pour contester la libéralisation. Ils dénoncent, comme le souligne Le Figaro, « l’arrivée de ces nouveaux opérateurs en dehors de toute harmonisation sociale et économique préalable ».

Cela n’empêchera pas la concurrence de se développer et, pour la seule région Lorraine, on apprenait que d’autres marchandises, comme le papier ou les produits sidérurgiques, allaient bientôt être transportées par des entreprises privées.

Ce qui se passe avec le chemin de fer est en train de se passer avec tous les anciens monopoles publics et l’on vient d’apprendre par exemple que, lentement, mais sûrement, la concurrence se développait dans le domaine de l’énergie (électricité et gaz), avec une progression régulière de la part du secteur privé. Voilà la réalité que l’on veut cacher aux Français : constitution européenne ou pas, ce qui se met en place en Europe, jour après jour, c’est la libéralisation des services publics et leur ouverture à la concurrence.

C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre les levées de boucliers à la suite de l’accident survenue dans le tunnel de Fréjus. Les syndicats se sont emparés de l’affaire pour dénoncer la « privatisation du fret » et exiger de la SNCF qu’elle fasse machine arrière. Inutile de dire que l’incendie qui a fait deux victimes n’avait rien à voir avec les « trains privés ». Les adversaires des privatisations nous avaient déjà fait le coup avec les trains anglais : dès qu’ils n’ont plus circulé sous la haute responsabilité de l’Etat, ils se sont mis à dérailler.

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